La fin d'un règne

Nous avons toujours voulu aller plus loin et plus vite, au détriment de tout.
Dans notre course au progrès, nous avons rendu invivable notre propre planète, et condamné notre espèce à la stérilité. Mais c'était le prix à payer pour bâtir ce que nous avons bâti. Les montagnes de déchets qui défigurent nos paysages sont la contrepartie de nos splendides cités d'acier, de verre et d'ivoire. Oui, nous avons abandonné certains des nôtres à l’extérieur, mais au sein de nos murs, nous avons vaincu la faim, le froid, la misère... Notre technologie nous a peut-être interdit toute descendance, mais elle nous a libéré de l'aliénation du travail, nous a permis de multiplier nos plaisirs et nos découvertes et d'en jouir bien plus longtemps. Nous sommes le 1er juin 2968. J’ai 98 ans et je fais partie des trente-sept humains encore vivants. Plusieurs d'entre nous expriment des regrets sur notre mode de vie passé. Personnellement je pense que notre espèce s'est consumée, mais qu'au moins nous avons vraiment vécu. Si quelqu'un lit ces lignes un jour, sachez que je ne regrette rien.

Geneviève CARTELLAN, Témoignage stocké dans la mémoire d'Ariv-0l21.0

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